mercredi 30 avril 2014
Le chef d'escadron Ardhuin n'était pas à Camerone
C’est la première fois ! Oui, la première fois que le chef d’escadron (er) Philippe Ardhuin n’a
pas participé à Camerone. Ce n’est pas par éloignement géographique. Bien au contraire, il habite si près d’Aubagne. Mais voilà, Philippe Ardhuin exerce, en quelque sorte, un nouveau commandement. Désigné non par la hiérarchie mais par les électeurs de Simiane-Collongue (Bouches-du-Rhône). Depuis un mois il est, en effet, maire (UMP) de cette commune de 5437 habitants, située à 27 km de Marseille et 19 d’Aix-en-Provence. Et ce mercredi matin, Philippe Ardhuin, siégeait à la Communauté du Pays d’Aix (composée de 36 communes). Nouvelles obligations donc pour cet ancien officier des 6ème puis 1er REG, qui a quitté la Légion étrangère en 2005. Jeune homme, dans la périphérie toulousaine, il rêvait d’armée « Je lisais alors Par le sang versé » commente-t-il aujourd’hui. « Et la Légion était pour moi mythique. Elle apparaissait comme un sacerdoce. Vous savez, cela me prenait aux tripes ». Sa porte d’entrée dans la vie militaire sera d’abord constituée, en 1985, par la 1ère compagnie « de combat » du 31ème régiment de génie (Castelsarrasin, Tarn-et-Garonne) où il commande une section. Ensuite, quatre ans plus tard, ce sera la Légion et beaucoup d’aventures militaires (les REG, le SMA de Mayotte, l’école supérieure et d’application du génie…) au cours desquelles le capitaine Ardhuin recevra la Légion d’honneur et la Croix de guerre. Civil donc en 2005, il intègre la communauté urbaine de Marseille, (Marseille Provence métropole). Trois ans plus tard, il dirige le crématorium Saint-Pierre. Fonction qu’il occupe toujours. Et maintenant la politique. « Mais j’ai toujours la fibre Légion ! » précise-t-il.
mardi 29 avril 2014
Légionnaires et légionnaires
Commandant l"opération Serval du 21 janvier à mai 2013, le général Bernard Barrera vient d'être promu commandeur de la Légion d'honneur. Dans cette même promotion Défense, publiée ce matin au Journal Officiel, figurent plusieurs légionnaires (anciens ou servant actuellement à la Légion étrangère). Chevalier de 1997, le sergent Louis Zanchi (né en 1925) est promu officier. Pour sa part, le caporal-chef Hugues Longuet (né en 1965) prend rang parmi les chevaliers.
Dans le décret d'attribution de l'Ordre national du Mérite, figurent notamment le colonel Hervé Fouilland, ancien chef de corps du 2ème REI, promu officier ainsi que le sergent Antonio Fasano (né en 1929). Sont nommés chevaliers, les capitaines Norbert Drelon et Gilberto Gonçalves ainsi que les majors Jaime Diaz Carrasco, Joel Desnos, Thomas Longfoot et Patrick Niel. Tous les six servent actuellement à la Légion.
Dans le décret d'attribution de l'Ordre national du Mérite, figurent notamment le colonel Hervé Fouilland, ancien chef de corps du 2ème REI, promu officier ainsi que le sergent Antonio Fasano (né en 1929). Sont nommés chevaliers, les capitaines Norbert Drelon et Gilberto Gonçalves ainsi que les majors Jaime Diaz Carrasco, Joel Desnos, Thomas Longfoot et Patrick Niel. Tous les six servent actuellement à la Légion.
lundi 28 avril 2014
La Première Guerre mondiale en chiffres
Selon les chiffres les plus communément admis, 1914-1918 c'est :
- 70 pays considérés comme belligérants. Ce chiffre est phénoménal mais ceux-ci sont principalement intégrés aux 6 empires ou puissances coloniales "au coeur" du conflit : Allemagne, Autriche-Hongrie, Empire ottoman ; France, Grande-Bretagne, Russie... En réalité seuls une dizaine de ces pays se retrouvent en guerre en 1914.
- 8 millions d'hommes seront mobilisés en France et 600.000 dans les colonies, 13 millions en Allemagne, 9 millions en Autriche-Hongrie, 9 millions également en Grande-Bretagne et dans l'Empire, 18 millions en Russie, 6 en Italie, 4 aux Etats-Unis.
- Le 11 novembre 1918, la France enregistrera 1,4 million de morts et 4,2 millions de blessés, la Grande-Bretagne et son Empire quasiment un million de morts et 2 millions de blessés, la Russie 2 millions de morts et 5 millions de blessés, l'Allemagne 2 millions de morts et plus de 4 millions de blessés, l'Autriche-Hongrie 1,4 millions de morts et 3,7 millions de blessés, la "Sublime Porte" (Empire ottoman) compte 800.000 morts.
La période 1920-1929 est connue en France sous le nom "d'années folles", tant à cause de la croissance économique que du besoin de s'amuser et d'évacuer une conflagration qui a touché quasiment chaque famille.
- 70 pays considérés comme belligérants. Ce chiffre est phénoménal mais ceux-ci sont principalement intégrés aux 6 empires ou puissances coloniales "au coeur" du conflit : Allemagne, Autriche-Hongrie, Empire ottoman ; France, Grande-Bretagne, Russie... En réalité seuls une dizaine de ces pays se retrouvent en guerre en 1914.
- 8 millions d'hommes seront mobilisés en France et 600.000 dans les colonies, 13 millions en Allemagne, 9 millions en Autriche-Hongrie, 9 millions également en Grande-Bretagne et dans l'Empire, 18 millions en Russie, 6 en Italie, 4 aux Etats-Unis.
- Le 11 novembre 1918, la France enregistrera 1,4 million de morts et 4,2 millions de blessés, la Grande-Bretagne et son Empire quasiment un million de morts et 2 millions de blessés, la Russie 2 millions de morts et 5 millions de blessés, l'Allemagne 2 millions de morts et plus de 4 millions de blessés, l'Autriche-Hongrie 1,4 millions de morts et 3,7 millions de blessés, la "Sublime Porte" (Empire ottoman) compte 800.000 morts.
La période 1920-1929 est connue en France sous le nom "d'années folles", tant à cause de la croissance économique que du besoin de s'amuser et d'évacuer une conflagration qui a touché quasiment chaque famille.
samedi 26 avril 2014
Une saint-cyrienne, chef de cabinet de Ségolène Royal
Le
lieutenant-colonel Sandrine Attia vient, en effet, d’intégrer le cabinet de la
ministre de l’écologie, du développement durable et de l’énergie. Titulaire
d’un diplôme en sécurité internationale et européenne, brevetée de l’Ecole de
guerre en 2009, le lieutenant-colonel Attia servait depuis 2013 au Secrétariat
général pour la défense et la sécurité nationale. Cette ancienne chef du BOI du 7ème régiment d'instruction et d'intervention de la sécurité civile (Brignoles), sera en outre chargée auprès de Ségolène Royal de "l’appui à la gestion des crises".
vendredi 25 avril 2014
François Cléret
"Il a vu tant de monde. Sa vie est un roman !". L'exclamation s'adresse à des personnages. C'est-à-dire à des hommes ou
des femmes dont l'histoire personnelle est une construction
d'aventures. Ainsi François Cléret, qui vient de disparaitre à l'âge de 96 ans à Paris.
Né en février 1918 en Indochine, ce fils d'un dentiste militaire choisit la médecine et termine ses études à Hanoï alors qu'éclate la Seconde Guerre mondiale. Opposant déclaré au régime de Vichy, il renseigne les Américains alors que les Japonais occupent le Tonkin. Et sauve des pilotes US abattus. Fait prisonnier en 1945 par les Japonais, il est torturé. Après sa libération, il devient l'émissaire durant quelques mois, du général Leclerc auprès de Ho Chi Minh. Puis rentre en métropole. Qu'il quitte pour Madagascar. Où il rencontre le sultan Mohammed V exilé avec une partie de sa famille dont son fils aîné, qui deviendra roi du Maroc sous le nom d'Hassan II. Il passera treize ans auprès de la monarchie. En 1967, médecin personnel du souverain chérifien, il quitte clandestinement le pays. Détenteur de secrets, petits et grands, il soupçonne le roi Hassan II de vouloir l'éliminer. Parmi ces secrets, l'affaire Ben Barka. Plus tard, en 2000, François Cléret racontera dans un ouvrage Le cheval du roi (Les presses du Midi) que Mehdi Ben Barka, chef de l'opposition marocaine, enlevé à Paris le 20 octobre 1965 avec la complicité de policiers français, avait été tué accidentellement, dans une villa de la région parisienne, par le général Oufkir (futur ministre de l'intérieur et de la défense du royaume) alors que les deux hommes se battaient. François Cléret était commandeur de la Légion d'honneur.
Né en février 1918 en Indochine, ce fils d'un dentiste militaire choisit la médecine et termine ses études à Hanoï alors qu'éclate la Seconde Guerre mondiale. Opposant déclaré au régime de Vichy, il renseigne les Américains alors que les Japonais occupent le Tonkin. Et sauve des pilotes US abattus. Fait prisonnier en 1945 par les Japonais, il est torturé. Après sa libération, il devient l'émissaire durant quelques mois, du général Leclerc auprès de Ho Chi Minh. Puis rentre en métropole. Qu'il quitte pour Madagascar. Où il rencontre le sultan Mohammed V exilé avec une partie de sa famille dont son fils aîné, qui deviendra roi du Maroc sous le nom d'Hassan II. Il passera treize ans auprès de la monarchie. En 1967, médecin personnel du souverain chérifien, il quitte clandestinement le pays. Détenteur de secrets, petits et grands, il soupçonne le roi Hassan II de vouloir l'éliminer. Parmi ces secrets, l'affaire Ben Barka. Plus tard, en 2000, François Cléret racontera dans un ouvrage Le cheval du roi (Les presses du Midi) que Mehdi Ben Barka, chef de l'opposition marocaine, enlevé à Paris le 20 octobre 1965 avec la complicité de policiers français, avait été tué accidentellement, dans une villa de la région parisienne, par le général Oufkir (futur ministre de l'intérieur et de la défense du royaume) alors que les deux hommes se battaient. François Cléret était commandeur de la Légion d'honneur.
mardi 22 avril 2014
WRS, la radio de soutien aux militaires
Depuis le studio normand "face à la mer" d'où il réalise ses directs, Laurent Almy pense la radio sur le long terme : "Nous voulons la pérenniser, l'installer dans le temps". Un instant de réflexion puis il rajoute : "Le soutien aux militaires est public. La radio est faite pour cela !"
lundi 21 avril 2014
Algérie, au moins 11 militaires tués
Ces soldats de l'ANP (Armée nationale populaire) ont été victimes samedi soir d'une embuscade tendue par un groupe composé, selon des sources citées par la presse algérienne, d'une cinquantaine d'hommes. Les victimes, 11 morts, 5 blessés, auraient pris place dans un bus dont le conducteur (civil) aurait également été abattu. Les faits se sont déroulés en Kabylie, au lieu-dit La carrière, à une cinquantaine de kilomètres de Tizi-Ouzou et les combats auraient duré plusieurs heures. Un autre bilan fait état de 16 militaires tués et 9 blessés. Officiellement trois assaillants, "des terroristes membres d'AQMI" dit-on à Alger, auraient été tués.
L'un des militaires abattus, Tayebi Sidi Ahmed, âgé de 23 ans, vient d'être inhumé à Sidi Bel Abbes.
L'un des militaires abattus, Tayebi Sidi Ahmed, âgé de 23 ans, vient d'être inhumé à Sidi Bel Abbes.
vendredi 18 avril 2014
Algérie, A. Bouteflika réélu avec 81,53%
jeudi 17 avril 2014
Castor et Pollux
Ces deux patrouilleurs de la marine belge sont en construction à Boulogne-sur-Mer. Le premier, le P901 Castor doit être livré en juin prochain. Son baptême officiel est prévu à la base de Zeebrugge, le 10 juillet. Son jumeau, le Pollux (P902) est attendu dans les eaux belges en janvier 2015.
Ces deux bâtiments de 55m sont destinés à effectuer des missions de surveillance, de police maritime, de sauvetage et de protection de l’environnement en mer du Nord. C'est la SOCARENAM, chantier boulonnais qui a obtenu, début 2013, ce marché de 26,6 millions d'euros.
Castor et Pollux sont les noms de deux étoiles de la constellation des Gémeaux. Ces noms se référent, également, à des figures de la mythologie grecque puis romaine, celles de jumeaux immortels. Divinisés, ils sont considérés comme les protecteurs des marins.
Ces deux bâtiments de 55m sont destinés à effectuer des missions de surveillance, de police maritime, de sauvetage et de protection de l’environnement en mer du Nord. C'est la SOCARENAM, chantier boulonnais qui a obtenu, début 2013, ce marché de 26,6 millions d'euros.
Castor et Pollux sont les noms de deux étoiles de la constellation des Gémeaux. Ces noms se référent, également, à des figures de la mythologie grecque puis romaine, celles de jumeaux immortels. Divinisés, ils sont considérés comme les protecteurs des marins.
mardi 15 avril 2014
Rwanda, suite...
Trois personnes, un journaliste, un chanteur rescapé du génocide et un ancien militaire, ont été arrêtées à Kigali pour, selon la police, « menacer la sécurité de l'Etat ». « Un nouveau virage répressif » du président rwandais, Paul Kagamé, pour la Fédération internationale des droits de l’homme (FIDH). Des arrestations annoncées quelques jours après les cérémonies marquant le vingtième anniversaire du génocide. Cérémonies auxquelles aucun membre du gouvernement français n’a participé, en réponse aux graves accusations portées par Paul Kagamé contre l’armée française (voir post des 6, 7, 11 avril 2014). Demain, la Commission de la défense de l’assemblée nationale auditionnera à 10h30 Hubert Védrine, secrétaire général de l’Elysée lors de l’opération Turquoise.
dimanche 13 avril 2014
Camerone 2014. Lieutenant-colonel Sabljic : « Je suis parti de presque rien, sans rien »
Le 30 avril prochain, à Aubagne, pour la célébration du
151ème anniversaire de Camerone, c’est le lieutenant-colonel (er)
Zlatko Sabljic qui portera la main du capitaine Danjou. Devant les légionnaires, les officiers, les anciens, les autorités et les invités dont, vraisemblablement, le prince Albert II de Monaco, dont
la présence est espérée depuis plusieurs mois (1).
Engagé en 1974, ce croate d'origine servit dans tous les grades et distinction de militaire du rang et de sous-officier -y compris celui de major- au 2è Régiment Étranger de Parachutistes (REP, Calvi). Participant en 1978 à l'opération Bonite à Kolwezi, l'une des très nombreuses missions extérieures accomplies par ce képi blanc qui termina sa carrière en 2012, comme adjoint au chef de la DSPLE (division statistique et protection de la Légion étrangère). Quelques semaines après avoir quitté le service actif, Zlatko Sabljic devint directeur de la Maison du légionnaire, fondée par le général Rollet en 1934. Il est officier de la Légion d'honneur.
Engagé en 1974, ce croate d'origine servit dans tous les grades et distinction de militaire du rang et de sous-officier -y compris celui de major- au 2è Régiment Étranger de Parachutistes (REP, Calvi). Participant en 1978 à l'opération Bonite à Kolwezi, l'une des très nombreuses missions extérieures accomplies par ce képi blanc qui termina sa carrière en 2012, comme adjoint au chef de la DSPLE (division statistique et protection de la Légion étrangère). Quelques semaines après avoir quitté le service actif, Zlatko Sabljic devint directeur de la Maison du légionnaire, fondée par le général Rollet en 1934. Il est officier de la Légion d'honneur.
Droits réservés |
Vous avez assisté à tellement de Camerone…mais le 30
avril, c’est vous qui porterez la main du capitaine Danjou !
Oui…quarante précisément
dont trente huit en activité de service…et jamais, à aucun moment, je n’ai
pensé y assister autrement qu’en spectateur.
Comment appréhendez-vous cette cérémonie ?
Comme le point d’orgue de ma
carrière…Porter la main, symbole de la fidélité à la parole donnée et de
l’accomplissement de la mission à tout prix, est bien évidemment l’honneur
suprême que fait la Légion étrangère à l’un de ses serviteurs. Au-delà de ma
fierté personnelle cette désignation fait, cette année plus particulièrement,
honneur à tous ces étrangers venus servir volontairement la France et qui y ont
trouvé la liberté, une patrie à aimer, une famille…Et c’est bien ce qui est
absolument extraordinaire dans la Légion étrangère et qui me fascine encore,
que cette aptitude à forger des serviteurs émérites, attachés à leur nouvelle
patrie jusqu’au sacrifice de leur vie, à partir d’hommes aussi différents qui,
pour certains, se haïraient, voire s’entretueraient s’ils n’étaient
légionnaires ou anciens légionnaires.
Vous incarnez cette Légion : l’étranger au
service de la France, la cohésion, l’intégration…
On peut effectivement penser
que je suis un exemple d’intégration réussie. Jeune candidat à l’engagement
j’étais étranger, non-francophone, dépourvu de bagages universitaire et
technique. Je suis parti de presque rien, sans rien… Et cette intégration s’est
faite tout naturellement avec le temps, avec l’acquisition de la langue
française et grâce, en particulier, à ce style de commandement « à la
française » en usage à la Légion étrangère. Je me sens un citoyen français
à part entière : je pense en français, je vote, je suis heureux de payer
mes impôts, j’ai une vie de famille en France, beaucoup d’amis. Ma vie et mes
centres d’intérêt sont définitivement ici.
Képi blanc, vous terminez votre carrière
lieutenant-colonel. A quoi rêvait le jeune croate ?
A quoi rêve un gamin de 18
ans, dont les parents ne possédaient pas même la carte du Parti dans un pays du
bloc communiste ? Je me suis évadé de mon pays natal tout simplement pour
vivre une vie « meilleure » que celle qui m’était promise.
Pourquoi avoir rejoint la Légion ?
J’avais tout d’abord une
image très « romantique » de la France, qui m’avait été donnée par
son histoire telle qu’elle était enseignée dans mon lycée. Ensuite, j’ai
entendu parler de la Légion étrangère par des amis, anciens légionnaires, et ce
que j’en ai entendu –sa réputation de meilleure troupe du monde entre autres-
m’a convaincu. Le surlendemain de l’obtention de mon baccalauréat et moins de
quarante huit heures après avoir franchi les frontières, je me présentais au
Bas Fort Saint-Nicolas à Marseille. Le légionnaire Sablek venait de naître…
L’heure de la retraite a sonné il y a quelques mois.
Pourquoi aujourd’hui diriger la Maison du légionnaire ?
Si j’avais pu continuer à
servir, je serais encore en activité ! A cinquante sept ans, j’ai atteint
la limité d’âge statutaire de mon grade. La Maison du légionnaire est un
maillon important de la chaîne de solidarité. L’opportunité de continuer à
servir l’Institution s’est ainsi présentée dans ce poste qui me permet de
rendre à la Légion étrangère et aux légionnaires, un peu de tout ce que j’ai reçu…
(1) Venue
annoncée par le site de la Fédération des sociétés d’anciens de la Légion
étrangère (FSALE) et par celui du quotidien Var-Matin.
Un détachement de la compagnie des
carabiniers du Prince pourrait, également, être présent.
vendredi 11 avril 2014
Rwanda, Jean-Marie Micombero « Je sais qu’il y a eu multiplication des efforts pour m’abattre, mais je ne céderai pas ! »
Peut-on regarder le drame rwandais avec recul ? Difficile car les images de l’horreur sont insoutenables. 800.000 morts entre le 7 avril et le 14 juillet 1994, 800.000 hommes, femmes et enfants tués parce que Tutsi ; parfois des Hutu l’ont été pour avoir tenté de s’opposer aux massacres. Les génocidaires, acteurs ou planificateurs doivent être jugés ; extrémistes et meurtriers « ordinaires ». C’est le FPR, le Front patriotique rwandais dirigé par Paul Kagamé qui a mis fin au génocide. Ensuite des Hutu ont été tués au Rwanda et en République démocratique du Congo (ex-Zaïre) où ils ont été poursuivis. Là aussi, les responsables doivent être jugés. Enfin, il y a un troisième fait. En réalité, le premier dans le macabre calendrier. Le 6 avril 1994, l’avion Falcon du président (hutu) Juvénal Habyarimana, qui était en phase d’approche de l’aéroport de Kigali, était abattu par deux missiles. Le président burundais se trouvait également à bord. Pour Paul Kagamé, ce sont les extrémistes Hutu qui ont abattu l’avion. Pour des dissidents du régime, comme Jean-Marie Micombero, l’opération a été montée par des militaires du FPR (de l’armée populaire rwandaise, APR). Réfugié en Europe, M. Micombero a été interrogé en 2013 puis il y a quelques semaines par les juges français Nathalie Poux et Marc Trévidic en charge, après Jean-Louis Bruguière, de l’enquête sur cet attentat. Ainsi va le monde a rencontré Jean-Marie Micombero. Né au Zaïre, celui-ci a rejoint le FPR en janvier 1991 en Ouganda.
Crédit : rdirwandarwiza.com |
Jean-Marie Micombero, où êtes-vous le 6 avril 1994 ?
Au CND, bâtiment abritant le
parlement rwandais. J’étais parmi les 600 militaires formant le bataillon qui
protégeait les VIP du FPR dans le cadre des accords de paix d’Arusha.
Que voyez-vous, de quelles
informations disposez-vous alors, laissant à penser que c'est Paul Kagamé qui a
ordonné l'attentat contre l'avion dans lequel se trouvaient le président
rwandais et son homologue burundais?
Tout
d’abord, les missiles qui ont abattu l’avion sont venus de Mulindi, quartier
général de Paul Kagamé. Ensuite, les tireurs sont les militaires de l’unité qui
le protégeait, donc ses gardes du corps. De plus, les rapports de préparation
et de l’exécution lui étaient donnés régulièrement par le commandant du 3ème
bataillon, le lieutenant-colonel Charles Kayonga, sur un réseau radio sécurisé.
Ce commandant n’avait pas été sélectionné pour commander ce bataillon sur la base
de ses capacités professionnelles mais à cause de sa loyauté.
Autre élément, après avoir abattu
l’avion, les tireurs de missiles ont été exfiltrés vers le QG de Paul Kagamé. Juste
après la chute de l’appareil beaucoup de gens s’en vantaient ; Paul Kagamé
l’a fait lui aussi en public, au stade Amahoro…
Le lendemain, débutent les
massacres contre les Tutsi. Vous, militaires de l'APR sortez-vous immédiatement
protéger les victimes ?
Les militaires sortirent le
lendemain de l’attentat de l’avion vers la mi-journée, non pas pour protéger
les Tutsi qui étaient tués par les miliciens et les ex-Far (Forces armées rwandaises) mais pour
étendre le périmètre de sécurité du bataillon et, après le renfort de deux
bataillons qui venaient des lignes arrières, lancer les premières opérations
qui conduiront à la chute de Kigali. Subsidiairement, on pouvait lancer des opérations
de sauvetage des Tutsi. Paul Kagamé refusa formellement car il voulait qu’il y
ait suffisamment de victimes afin de justifier la reprise des attaque.
Durant les 100 jours du
génocide, où êtes-vous?
Dans les opérations de la
région de Kigali car mon bataillon n’a opéré que dans cette région. Après la
chute de Kigali, je fus déployé au sein de l’Unité de Protection du Président (Presidential Protection Unit) Pasteur
Bizimungu.
Comment dans les rangs de l’APR
perçoit-on la France ?
Une
haine délibérée est prêchée par la hiérarchie. Parler le français était
considéré comme « une honte ». Je me souviens, également, que tout au
début, il existait une discrimination contre les militaires ayant effectué des
études et à l’époque, la majorité était francophone.
Ainsi un officier qui avait le grade de major fut empêché
de servir au sein de la Mission des nations unies pour le Soudan car il aimait parler
français. Celui qui était le « chef d’orchestre » de cette
campagne anti-français était Charles Kayonga, qui ordonna l’exécution de deux
gendarmes français (1).
Durant ces années, Paul Kagamé
présente-t-il l’armée française comme une force hostile ou ennemie?
Paul Kagamé a toujours considéré la France comme une
ennemie. Kagamé n’a jamais aimé la France (et les Français) et ne l’aimera
jamais.
En 1994, y-a-t-il un plan anti-français
?
Ma position au sein de l’APR ne me permettait pas d’avoir
suffisamment d’informations sur les plans de l’état-major. Mais lorsque
l’opération Turquoise a été approuvée
par le Conseil de sécurité de l'ONU, ordre nous a été donné d’évoluer en petites unités
afin de ne pas être vulnérables à d’éventuelles frappes aériennes françaises.
Ce qui nous permettait, le cas échéant, de causer aux Français davantage de
dégâts.
Paul Kagamé arrive au
pouvoir. Vous deviendrez juge militaire puis secrétaire général du ministère de
la défense. Là, vous découvrez, dites-vous, que les marchés publics sont
truqués. Au profit de qui?
Des sociétés du FPR ou les
individus proches du général Jack Nziza. Ceci au mépris des lois relatives à la
procédure de passation des marchés publics. Egalement en faveur de personnes
proches de Paul Kagamé lui-même
.
Vous passez un an en prison.
Pourquoi ?
Fabrication d’un dossier
pénal pour m’écarter car je n’étais plus dans la même ligne qu’eux, car je ne
pouvais plus accepter certaines choses flagrantes. Mais avant cela, j’avais
fait de mon mieux pour redresser ce que je pouvais. Mais en vain !
Vous quittez le Rwanda en
2011. Et commencez à dénoncer le régime de Kigali. Dans les débats dans
lesquels vous participez, on vous demande souvent, pourquoi avoir attendu aussi
longtemps avant de parler ?
Au Rwanda toute dénonciation
est impossible à cause du caractère répressif du système de Paul Kagamé, de ses
services de sécurité… Sauf si l’on veut se suicider, personne ne peut rien
dénoncer…
Un ex-chef du renseignement
a été tué en Afrique du sud. Un ancien chef d'état-major, également rwandais, a
été victime de trois tentatives d'attentats dans le même pays. Vous sentez-vous
menacé?
Juste après l’assassinat du
colonel Patrick Karegeya, les officiels rwandais (la ministre des affaires étrangères,
le Premier ministre et Paul Kagamé) ont déclaré la guerre à ceux qui
dénoncent "ce qui ne va pas" au Rwanda. Après, il y eu une tentative d’assassinat
contre le général Kayumba Nyamwasa. Les officiels ont lancé une
campagne de haine des Rwandais contre leurs frères et sœurs de l’opposition, à
l’extérieur ; le système du FPR est aux abois. L’arme du dictateur est la peur.
Je sais qu’il y a eu multiplication des efforts pour m’abattre mais je ne
céderai pas !
(
(1) Il s'agit des adjudants-chef René Maier et Alain Didot. Ainsi que de l'épouse de celui-ci, tués le 7 avril 1994.
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